1. L’auteur
  • Prosper Mérimée est né à Paris, le 28 septembre 1803. On lui attribua une parenté secrète avec l’impératrice Eugénie ; il fut un des familiers de la cour impériale de Napoléon III et sénateur.
  • Dans la première moitié du XIXe siècle, l’État va tenter, de manière centralisée, de préserver les monuments français. En 1837 est créée la commission des Monuments historiques ; signe d’une volonté de sauvegarde du patrimoine. C’est dans ce cadre que va s’inscrire l’action de Mérimée qui aura pour fonction de « parcourir successivement tous les départements de la France, [de] s’assurer sur les lieux de l’importance historique et du mérite d’art des monuments »
  • Mérimée va, dès 1834, effectuer de nombreux voyages dont il rend compte à son ministre de tutelle, le ministre de l’Intérieur. Il fit plusieurs séjours dans l’île pour en recenser le patrimoine. Il faut reconnaître que, sans lui, bien des églises de Corse ne seraient plus aujourd’hui que d’intéressantes ruines, et la recherche préhistorique aurait elle-même été retardée. Entre le 16 août et le 7 octobre 1839, il visite donc La Corse. C’est ce voyage qui lui inspire Colomba : il rencontre Colomba Carabelli, veuve Bartoli, dont le fils est mort victime d’une vendetta, et il entend aussi parler d’une autre vendetta qui s’est déroulée à Sartène, et qui a causé la mort de six personnes.
  • Ses Notes d’un voyage en Corse paraissent le 5 avril 1840. Les observations judicieuses qu’on y trouve ont permis, plus d’un siècle plus tard, au directeur du centre de Préhistoire corse de saluer en Mérimée l’un des « premiers grands esprits qui contribuèrent à fonder cette science jeune : la Préhistoire ». 
  1. La Corse
  • Le Golfe d’Ajaccio 

«Après trois jours de navigation, on se trouva devant les Sanguinaires, et le magnifique panorama du golfe d’Ajaccio se développa aux yeux de nos voyageurs. C’est avec raison qu’on le compare à la baie de Naples; et au moment où la goélette entrait dans le port, un maquis en feu, couvrant de fumée la Punta di Girato, rappelait le Vésuve et ajoutait à la ressemblance. (…) On ne voit, autour du golfe d’Ajaccio, que de sombres maquis, et derrière, des montagnes pelées. Pas une villa, pas une habitation. Seulement çà et là, sur les hauteurs autour de la ville, quelques constructions blanches se détachent isolées sur un fond de verdure; ce sont des chapelles funéraires, des tombeaux de famille. Tout, dans ce paysage est d’une beauté grave et triste. »

  • Le maquis des bergers 

« En sortant de Porto-Vecchio et se dirigeant au nord-ouest, vers l’intérieur de l’île, on voit le terrain s’élever assez rapidement, et après trois heures de marche par des sentiers tortueux, obstrués par de gros quartiers de rocs, et quelquefois coupés par des ravins, on se trouve sur le bord d’un maquis très étendu. 

Le maquis est la patrie des bergers corses et de quiconque s’est brouillé avec la justice. Il faut savoir que le laboureur corse, pour s’épargner la peine de fumer son champ, met le feu à une certaine étendue de bois : tant pis si la flamme se répand plus loin que besoin n’est; arrive que pourra; on est sûr d’avoir une bonne récolte en semant sur cette terre fertilisée par les cendres des arbres qu’elle portait. 

Les épis enlevés, car on laisse la paille, qui donnerait de la peine à recueillir, les racines qui sont restées en terre sans se consumer poussent au printemps suivant des cépées épaisses qui, en peu d’années, parviennent à une hauteur de sept ou huit pieds.

C’est cette manière de taillis fourré que l’on nomme maquis.

Différentes espèces d’arbres et d’arbrisseaux le composent, mêlés et confondus comme il plaît à Dieu. Ce n’est que la hache à la main que l’homme s’y ouvrirait un passage, et l’on voit des maquis si épais et si touffus que les mouflons eux-mêmes ne peuvent y pénétrer. »

  • Les monuments 

«  La plupart des ponts anciens sont attribués aux Génois ; ainsi que presque tous ceux du Moyen-Âge, ils sont fort étroits et élevés vers leur centre, en sorte que leurs arches sont de hauteurs inégales, et que la ligne du parapet décrit un angle obtus. (…) Je  n’hésite  point  à  rapporter  à  une  époque  antérieure  à  l’ établissement  des  Romains  dans  la  Corse  quelques  monuments  anciens  d’origine  inconnue,  et  absolument  analogues  à  ceux  qu’en  France  ou  en  Angleterre  on  nommerait  druidiques  ou  celtiques. »

  • Le bourg de Pietranera

« Le bourg de Pietranera est très irrégulièrement bâti, comme tous les villages de la Corse ; car, pour voir une rue, il faut aller à Cargese, bâti par M. de Marbeuf. Les maisons, dispersées au hasard et sans le moindre alignement, occupent le sommet d’un petit plateau, ou plutôt d’un palier de la montagne. Vers le milieu du bourg s’élève un grand chêne vert, et auprès on voit une auge en granit, où un tuyau en bois apporte l’eau d’une source voisine. Ce monument d’utilité publique fut construit à frais communs par les della Rebbia et les Barricini »

Colomba

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